Tout le monde se souvient de la douloureuse crise financière de 2008 : le monde bancaire découvrait alors le caractère tumoral des crédits immobiliers octroyés à des emprunteurs aux situations financières particulièrement faibles (communément appelés ‘subprime’ en anglais). Ces crédits étaient alors transformés en produits d’investissement structurés (bénéficiant d’un score de qualité de premier ordre) et distribués à l’ensemble de la sphère financière institutionnelle aux USA et en Europe.
Les défauts massifs des emprunteurs et la perte de valeur de ces produits dérivés ont alors déclenché une chaine d’événements catastrophiques : les bilans des banques d’affaires, de détail, des assureurs et des entités publiques ont chuté jusqu’à la limite de la faillite. Lehman Brothers sera la seule banque autorisée à déposer son bilan : cet événement majeur a créé un élan de panique généralisé, poussant les épargnants à retirer massivement leur argent des banques : un scénario catastrophe pour le secteur bancaire.
A cet instant, les autorités publiques (et donc le contribuable) ont organisé la restructuration et le refinancement du secteur financier pour éviter le pire (ces banques hériteront alors du cynique adjectif ‘Too big to fail’). Depuis, les marchés financiers ont été massivement réformés, et les régulateurs ont gagné du pouvoir pour contrôler en continu les acteurs du secteur et éviter les erreurs du passé.
Cette catastrophe a créé un trauma chez le contribuable et l’investisseur, ce qui explique en partie la réaction vive des marchés vendredi passé et ce lundi.
Les bourses américaines et européennes ont brusquement chuté vendredi passé et ce lundi 13 mars suite à l’effondrement éclair de la Silvergate Bank, et ensuite de la Silicon Valley Bank et la Signature Bank, mises sous tutelle de la Fed.
Afin de comprendre ce qu’il s’est passé, il faut comprendre la nature de ces trois banques.
Silvergate Bank est une banque californienne locale, servant principalement les entreprises du secteur des cryptomonnaies. Depuis la faillite de FTX, une plateforme d’échange de cryptomonnaies aux montages financiers hasardeux, le 11 novembre 2022, Silvergate subissait un mouvement de retrait massif de la part de sa clientèle.
Effectivement, le positionnement de la banque au cœur d’un secteur en crise faisait peser le soupçon de difficultés financières. Pour honorer ces demandes de retraits, la banque a été obligée de liquider une importante part de ses actifs, investis en bons du Trésor qui, nous le savons, ont perdu beaucoup de valeur en 2022 suite à la remontée des taux directeurs des banques centrales.
Cette conjoncture a amené la banque à déclarer sa liquidation ce 8 mars, entrainant dans sa chute, par le même effet de panique, la fermeture de la Silicon Valley Bank et la Signature Bank, elles aussi spécialisées dans le secteur des cryptomonnaies et autres start-ups innovantes de la scène tech.
Le gouvernement américain, par la voix du Président Biden, assure que la FDIC (le fonds de garantie des dépôts américain) assurera son rôle et permettra le remboursement des épargnants de ces banques locales, dans la limite autorisée de 250.000$.
De plus, les autorités publiques appuient le fait que la chute de ces banques locales n’est pas une menace systémique pour le secteur financier et bancaire global, comme l’a été la crise des subprimes de 2008.
Ces arguments devraient rassurer les épargnants et calmer la panique. Il est effectivement primordial que cette dernière ne se propage pas à la clientèle des grandes banques traditionnelles qui, même sans attache particulière au monde de la cryptomonnaie, peuvent être en difficulté financière en cas de demande généralisée et instantanée de retrait de la part des déposants*.
*Une banque traditionnelle utilise l’argent déposé sur ses comptes pour financer des projets de développement économique (au travers de crédits aux entreprises, d’investissements, ou de crédits hypothécaires ou à tempérament pour le particulier). Elle est néanmoins tenue de garder suffisamment de fonds propres pour honorer ses obligations opérationnelles à court et moyen terme : elle doit effectivement être en mesure de rembourser un client qui demande un retrait dans un contexte économique et financier normal ou sous stress. Ce ratio de solvabilité marque donc la limite à partir de laquelle une banque devra liquider des actifs ou emprunter de l’argent afin d’honorer ses dettes envers ses déposants.
Birdee n’a aucun lien avec la cryptomonnaie ou avec une quelconque plateforme active dans la cryptomonnaie et, n’étant pas une institution de crédit, Birdee n’est pas sujet aux mêmes problèmes de liquidité que les banques, puisque les actifs de nos clients sont déposés sur des comptes nominatifs, hors bilan.
Néanmoins, ces événements ont déclenché une réaction vive de la part des marchés financiers qui, dans l’émotion, ont réalloué leurs positions en faveur des produits de taux, au détriments des actions financières et technologiques.
Nous observons donc depuis la fin de la semaine passée des turbulences sur les grands indices actions (-4,5% pour l’Euro Stoxx 50, sur les seules journées de vendredi et lundi), et une revalorisation des produits de taux.
Ces mouvements peuvent être également expliqués plus froidement au travers de trois raisonnements :
Au moment d’écrire ces lignes (14 mars à la mi-journée), les indices rebondissent déjà pour corriger en partie la chute des derniers jours.
Nous espérons que ce texte vous aidera à mieux comprendre l’actualité qui anime les marchés et les mouvements de votre portefeuille Birdee.
Nous restons, comme toujours, à vos côtés et à votre disposition pour répondre vos éventuelles questions !